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LE TRAIT

Les Sanguines

L'Apprentissage d'une forme de liberté
l 1991-1994 deux expositions

- Avril 1991 à la Chambre ce commerce et d'industrie de Rodez. Salle d'exposition place de la cité à Rodez 12000.

- Novembre 1994  en tant que coexposant avec Olivier Lavabre. Salle d'exposition Hotel Biney à Rodez 12000.

                Mes premiers pas, ma première initiation et l'ébauche d'une acquisition, celle de la technique du dessin.

1990 fut une année de travail délicat et persévérant, jonché d'incertitudes et de manque de confiance en soi. Ce travail aboutira à une première exposition.

On y retrouvera toute l'admiration que je porte envers mes Maîtres, artistes de tout style et de tout temps, qui m'ont portés et ont tenu ma main et mon crayon durant cette période.

Cette première approche, ce chemin tourmenté se fera seule et en autodidacte.

L'apprentissage de la forme et des volumes
l 1995-2003 Production de Sanguines

Dessins au crayon sanguine et noir avec quelquefois des rehauts de blanc pour exacerber les profondeurs.

                  Pendant les années qui suivirent les Expositions, et jusqu'en 1999, j’avais bien des choses à apprendre me semblait-il encore. Peaufiner mon coup de crayon en faisait parti. 

Mon trait était prisonnier, incertain, fragile. Il avouait l'obsession du bien faire et non le reflet de ma personnalité.

Ma quête était infinie et mon appétit pour m’améliorer sans limite.

Parallèlement, je dessinais pour oublier mon impression d’inutilité sur terre, mais pas uniquement pour cela, car j’admirai au plus haut point tous les artistes qui nous ont précédés.

Je pensais que tout autant que la graphologie, le trait de dessin d’un artiste révélait sa personnalité secrète et chez moi elle restait invisible. J’enviai la maîtrise d’un Vinci ou d’un Rubens, leur technique bien sur, mais aussi leur liberté et leur assurance et mon admiration n’avait pas de limite. Ma bibliothèque était pleine d’ouvrages sur les Peintres, artistes de tous les temps que je feuilletais sans relâche.

Alors, toutes ces photos de reproduction d’œuvres, à force de les feuilleter, devinrent naturellement un sujet de travail.

Les Croquis 

l Croquis pose d'une heure en Atelier

Le travail du croquis, et en particulier celui du nu, est aussi important pour l'artiste que le travail des gammes pour un pianiste.

Il habitue le dessinateur aux formes changeantes, somptueusement arrondies et inégalables d'irrégularité et d'humanité.

           Comme un pianiste, le dessinateur a ses gammes lui aussi  doit se plier à cet exercice ne serait-ce que pour conserver le sens des proportions et surtout le sens de la perspective. Que peut-on faire des règles des proportions, régulièrement enseignées dans les cours de dessin, lorsqu’on est face à un corps vue de trois quart ou d’en dessous.

Rare sont les poses parfaitement de face !

Mais l’art du nu va bien plus loin car il a pour objectif la qualité de la reproduction, certes, mais aussi de rendre les ressentis face à un être humain, de reproduire par exemple la lassitude musculaire d’une pose qui s’éternise, d’un pli inattendu, d’une ombre imparfaite, ou mieux encore, la tristesse d’un regard qui s’échappe dans ses pensées secrétes.

Au diable les calibres, l’art du dessinateur c’est de reproduire l’imperfection !

Cependant, le danger c’est la maladresse : la maladresse qu’il faut éviter à tout prix, celle qui guette tous les artistes et qui rend le dessin, disons le, minable. Je devais accepter que j'étais capable du pire comme du meilleur.

 Une part de moi même est dans mon dessin. Les jours de fatigue, de distraction ou de mélancolie, la main ne rend pas la même chose sur le papier.

l Croquis pose rapide : 3 à 5 minutes

                3 à 5 minutes pour s'exprimer, trouver un sens, une position, une intention.

Plus le temps est compté, plus la main se libère et devient instinctive et sincère.

Au diable les tabous.

La gageure est motivante, le jeu subtil et au bout du chemin, une rencontre avec soi-même.

      Ici peu de temps à la réflexion, c'est l'instinctif qui domine. La main balaye le papier en gestes courbes et précis. Le trait apparaît sous l'effort du crayon et l'émotion de la découverte des formes est intense. Car tout sort de nulle part. D'un modèle en trois dimensions voilà que l'artiste redonne l'illusion de la vie sur un papier en deux dimensions. C'est le miracle du dessin.

Le croquis de nu fait parti des recherches de l'artiste pour retrouver le trait original et sincère. Le jeu est prenant et nécessite toute l'énergie immédiate dans un laisser aller total.

Et ainsi toutes les peaux se détachent pour laisser apparaître le véritable essentiel, la nudité première, loin du superflu et des conventions.

l  2018 - LES NUS
20 ans après
exercices d'atelier d’après photo d'oeuvre

              Le nu reste le nu. Plus qu'un travail graphique, c'est un travail de ressenti ou chaque émotion corporelle doit être transcrite. 

Si je ne comprends pas l’intention du mouvement, je n’arrive pas à dessiner l’objet. Mes yeux ne voient pas, ils perçoivent.

Au diable les calibres, l’art du dessinateur c’est d'être l'Avocat de l’imperfection !

Et me voilà à nouveau face à ma planche de travail, 30 ans après avec au moins 10 ans d’absence totale de pratique.

Aujourd'hui, je relève le défie, prête à l'échec, face aux difficultés de proportion, face à la maladresse, face au manque de concentration.

Atelier ART & MOUVEMENT

Hommage à Magali qui m'a reçu dans son atelier. Elle coordonne et dirige  les cours  avec une bienveillance, une patience et une passion sans limite.

Une adresse à conseiller

Association : ART et MOUVEMENT (Toulon)

http://www.art-et-mouvement.com/

Les Crayons & Pastels

          Cependant, quelques années plus tard, ma maîtrise en poche, munie de tous les supports possible, et même les plus ordinaires, que je trouvais autour de moi et avec simplement quelques crayons à la façon de l'Art Modeste, je décidais de me prouver qu’il n’y avait pas besoin de grand décorum et de grand investissement pour dessiner et apprendre.

Je passais plusieurs années à m'acharner sur mon travail, dessinant et dessinant sans fin, toujours à main levée pour protéger le surréalisme qui germait en moi. Je m’en voulais bien souvent sur la faiblesse de mon trait qui n'arrivait  jamais à exploser et à traduire la colère que je conservais profondément en moi.

J’étais capable du meilleur comme du pire dans mes esquisses et je n’arrivais pas à me libérer de ma réserve naturelle.   

               Durant cette période, le dédain et l’indifférence de mon entourage, longtemps redouté devenait alors un avantage.

Je pouvais m’entraîner à l'insu de tout le monde et ainsi me confronter à toutes les fantaisies qui hantaient mes pensées, pour enfin me libérer de cette carapace de petite fille trop bien élevée et qui devait à tout prix réussir ce qu'elle entreprenait dés la première tentative pour satisfaire à la fierté parentale.

Je réclamais le droit à l'imperfection et je ne m'en suis pas privée !

Le but étant de se mesurer aux pires difficultés et aux pires échecs pour progresser.

Je m’en voulais bien souvent sur la fragilité de mon trait et sur mon incompétence.

Je n’arrivais pas à me libérer de mon académisme naturel. Ce perfectionnisme mal assumé me navraient.

Quelquefois, mes dessins me faisaient horreur par leur faiblesse, par leur manque d’originalité, par leur manque de personnalité et loin de les détruire, je les conservais comme preuve pour me rappeler ce dont je pouvais être capable dans mes plus mauvais moments.

J’aurai tant aimé pouvoir toujours compter sur un coup de crayon, sur et personnel.

Bien des dessins ratés, bien des dessins réussis, mais toujours pas la régularité espérée...."

Les Pastels Abstraits

               "Oser.

Accepter de ne plus s’accrocher à la technique, au modèle, au bien faire…

Accepter de se voir tel qu’on est à l’intérieur et ne plus s’attacher au regard des autres.

Être soi et se rencontrer enfin."

Entre Décembre 2006 et Juillet 2007 apparaissent sous mes traits de craie et pastels, d’invraisemblables dessins, régis par je ne sais quel principe, du moins en suis-je surprise moi-même.

Des taches de couleur, des traits et des formes géométriques qui semblent exprimer un discours :

Des carrés, des ronds, des lignes ; mais aussi des ébauches d’escalier qui montent ou qui descendent, des petits personnages figés ou des silhouettes fantasmagoriques qui sortent de nulle part.

N'avoir plus rien à prouver, se retrouver soi-même sans artifice, se libérer des contraintes de l'imitation, de la ressemblance à la nature, laisser agir sa main sans retenue, n'être plus qu'esprit, émotions, sensations... 

Voilà qu'à l'orée de l'année 2006 j'entame une nouvelle étape du chemin escarpé qu'est la découverte de la création artistique : L'abstraction.

Toujours en grand format, toujours à main levée, toujours dans un temps très court et toujours sur papier Kraft.

Il faut dire que c’est une période ou dans ma vie tout s’agite : Le décès de mon père intervient et ma mère souffre profondément en sa chair des causes de sa longue maladie auto-immune (elle décédera en janvier 2008)

Mais, c’est aussi toute la colère qui monte comme un tourbillon d’exaspération, en constatant les manipulations et les contraintes qui lui sont infligées.

Cette femme forte, fragilisée par sa maladie, vient à accepter l'inacceptable pour des questions de puissance et d'autorité .

J'en venais à me demander, dans mon for intérieur,  si je préférai la voir puissante ou "abdiquante".

Dans mes dessins on retrouve mon ventre de mère comme l'était à ce moment là ma mère, bafouée par une famille injuste, des plafonds de cristal impossible à surmonter, et des sols contraignants et rigides…

Bref toute une panoplie de symboles maladroitement exprimés qui visiblement envahissent mon inconscient et me mettent dans un état de malaise permanent.

C'est de l'inconscient dévoilé. C'est du Surréalisme.

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